C'est
peut-être le bout du tunnel pour l'industrie française : en juin, la
production manufacturière a augmenté de 0,4 % par rapport à mai. Mieux,
il s'agit du deuxième mois consécutif de hausse. Un signal
encourageant, même si le «Made in France» est loin d'avoir retrouvé ses
niveaux de l'an passé. La crise a été si violente l'hiver dernier que
la production manufacturière française en juin 2009 est encore
inférieure de 16,4 % à celle de juin 2008 !
La récente embellie
doit beaucoup à la prime à la casse, instaurée dans de nombreux pays
européens . «Ce système a profité aux petites cylindrées, une
spécialité des constructeurs français», fait remarquer Jean-Christophe
Caffet, économiste chez Natixis. Résultat, la production automobile
française a augmenté de 5,3 % en juin, après une hausse de 12,2 % en
mai. Et, parallèlement, les exportations de voitures françaises ont crû
de 4,8 % au deuxième trimestre. «En outre, partout dans le monde, les
industriels sont en train de reconstituer des stocks qui étaient tombés
très bas. Cela tire le secteur des biens intermédiaires. La production
de la chimie française a, par exemple, progressé de 1,6 % en juin»,
ajoute Véronique Riches-Flores, chef économiste Europe à la Société
générale. De fait, les points forts de l'industrie française - la
pharmacie et les constructions aéronautiques, navales et ferroviaires -
ont bien tenu en juin. Et dans les secteurs les plus liés aux cycles
économiques comme l'emballage, le transport aérien, la grande
distribution ou encore la publicité, on perçoit les premiers signaux
positifs.
Sortie plus rapide de la récession
Dans
ces conditions, avec une production manufacturière en hausse de 0,2 %
et une consommation des ménages en augmentation de 0,7 %, le deuxième
trimestre ne s'annonce pas si mal pour l'économie française. «On peut
imaginer un retour à la croissance, avec une progression du PIB
comprise entre 0 % et 0,1 %», précise Véronique Riches-Flores. Moins
optimiste, Jean-Christophe Caffet table sur un recul du PIB de 0,25 %.
Un chiffrage néanmoins supérieur aux dernières prévisions de l'Insee,
calées sur une chute de l'activité de 0,6 % au deuxième trimestre,
après le plongeon de 1,2 % au premier. Le verdict sera connu jeudi,
avec la publication de la première estimation du PIB français entre
mars et juin.
Et pour la suite ? La Banque de France table sur
une stabilisation de l'activité au troisième trimestre. «Nous avons une
prévision similaire. L'économie française profite de l'élan créé par
les différents plans de relance mis en place dans le monde. Mais la
production industrielle pourrait repartir à la baisse en 2010»,
explique Jean-Christophe Caffet. En cause : la fin des primes à la
casse, même si le gouvernement français plaide pour une sortie
progressive du dispositif.
Inquiétudes pour 2010
«Il
n'existe pas de soutiens durables à la croissance», renchérit Véronique
Riches-Flores. Il faut dire que la chef économiste a de sombres
prévisions pour l'emploi : elle prévoit que le taux de chômage
culminera à 11,1 % fin 2010. Le tout alors que les ménages ne pourront
plus compter, comme aujourd'hui, sur des baisses de prix pour doper
leur pouvoir d'achat. «L'inflation va repartir à la hausse dans le
sillage des matières premières. Dès la fin de l'année, les prix
pourraient progresser de 1,5 % en rythme annuel, alors qu'en juin ils
étaient en baisse de 0,5 %», précise Véronique Riches-Flores.
Bref,
si l'éclaircie est indéniable à court terme, la conjoncture française
n'est pas à l'abri de l'arrivée de nouveaux gros nuages, à moyen terme.
Les 10 signaux positifs pour la France selon Le Figaro
1. Le moral des industriels s'améliore
2. La production d'acier redémarre
3. Les résultats d'entreprises sont meilleurs que prévu
4. Les ventes en grandes surfaces progressent
5. Le CAC 40 reprend des couleurs
6. L'automobile remonte la pente
7. La fréquentation du transport aérien se stabilise
8. L'emballage alimentaire rebondit
9. Les investissements publicitaires bruts repartent à la hausse
10. Les indicateurs internationaux virent au vert