Interview d'Yves Jégo, Député de Seine-et-Marne, Maire de Montereau-Fault-Yonne, Vice-Président du Parti Radical, Ancien Ministre
Le Figaro - Lundi 7 novembre 2011
Depuis le retrait de Jean-Louis Borloo, vous avez rencontré François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Votre cœur balance-t-il entre les deux ?
S’il ne veut pas disparaître des radars, le Parti radical, traumatisé par le retrait brutal de son président, doit être lucide et responsable. Parmi les candidats qui restent en lice, il n’y a pas photo : seul Nicolas Sarkozy a les épaules assez solides et l’expérience pour tenir la barre du navire dans la crise et éviter le naufrage. Le G20 a encore confirmé cette réalité. C’est pourquoi je plaide pour que le Parti radical s’engage sans tarder pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy.
En avez-vous parlé avec Jean-Louis Borloo ?
Il a lui même montré la voie en prenant acte de la montée des populismes et en décidant de renoncer…
L’idée d’une candidature centriste est-elle dépassée ?
Le départ de Jean-Louis Borloo signe aussi, à mon sens, la mort de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale et de toute velléité à réunir les centres. Cette union a d’autant moins de chances d’aboutir, que François Bayrou reste dans une aventure personnelle. Il ne veut prendre aucun engagement, il me l’a répété, sur son positionnement pour un second tour. C’est intenable. Il n’est rien possible de bâtir sur cette ambiguïté. D’autant que compte tenu de la gravité de la crise l’heure n’est plus, me semble-t-il, aux candidatures de témoignage.
Pensez-vous pouvoir recoller les morceaux avec l’UMP ?
J’ai quitté l’UMP parce que je considérais que la droite de la droite y prenait trop de place. J’avais raison. A tel point que l’UMP a éprouvé le besoin depuis de créer une aile humaniste pour contrebalancer la Droite populaire. Je reconnais, à ce titre, les avancées de Jean-François Copé mais il faut aller plus loin.
L'UMP n'est plus le modèle à suivre ?
La martingale gagnante, c’est de provoquer un big-bang pour bâtir une nouvelle droite multipolaire. Je plaide - et je l’ai fait auprès de Nicolas Sarkozy - pour une organisation nouvelle fondée sur des sensibilités autonomes et respectées, une maison commune qui aille des centristes aux souverainistes. Ce nouvel ensemble serait respectueux des sensibilités de chacun, mais aussi soucieux de cohérence au moment du choix des candidats. C’est évidemment un chantier à long terme qu’il faut à mon sens ouvrir rapidement. Pour 2012, si Nicolas Sarkozy s’enferme dans la seule UMP, il ne gagnera pas. L’UMP lui est nécessaire à coup sûr, mais ne lui est pas suffisante. Le Parti radical, en gardant toute son autonomie, peut alors jouer un grand rôle dans cette campagne pour peu que ses idées soient prises en compte.
Nicolas Sarkozy reste aujourd’hui celui qui a le plus de chance de gagner ?
C’est évident ! Je suis persuadé que le débat présidentiel est beaucoup plus ouvert que les sondages et les médias ne veulent le faire apparaître. On ne peut qu’être stupéfait devant les hésitations et la désinvolture de François Hollande sur la question du référendum grec. Tout le monde a compris « qu’il n’a pas les épaules ». Mais il est impératif que le chef de l’Etat prenne en compte les critiques - plus souvent de forme que de fond - dont les sondages se font l’écho. Il doit s’expliquer devant ces Français qui sont agacés par sa personnalité. Nous apprenons tous de nos erreurs et le président de la République n’échappe pas à cette règle.
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