PARIS, 31 octobre 2010 (AFP) - Le remplacement ou non de François Fillon à Matignon par le président Nicolas Sarkozy relèvera d'"un choix politique" d'adaptation à la réalité actuelle, a affirmé dimanche Jean-Louis Borloo, estimant que "plus il y a de crises, plus il y a besoin de justice sociale".
Invité de l'émission "Dimanche+" sur Canal+, le ministre de l'Ecologie s'est employé à soigner son profil "social", qui pourrait correspondre à ce "besoin" qu'il décrit, tout en ne disant rien des intentions qu'on lui prête de succéder à François Fillon lors du prochain remaniement.
Il a affirmé ne pas avoir discuté avec le chef de l'Etat de son éventuelle désignation à Matignon.
Interrogé sur sa préférence - rester à l'Ecologie ou être Premier ministre - il a répondu : "Ce que je vois simplement c'est que cette espèce de débat, que je trouve d'ailleurs assez inélégant à l'égard du Premier ministre et des équipes en places, ne reflète pas la réalité".
"Au fond, a-t-il enchaîné, il va y avoir un choix politique, il ne s'agit pas de recruter un Premier ministre, ça n'a pas de sens en soi, c'est un choix politique", a-t-il insisté.
"Moi ce que j'ai entendu de la rue (lors des deux mois de mobilisation contre la réforme des retraites, ndlr), et d'une manière générale de la crise, c'est que plus il y a de crises, plus il y a besoin de justice sociale, de justice fiscale, de respect".
M. Borloo a appelé à "reprendre le chemin de la cohésion sociale", "bâtir avec tous les partenaires un développement accéléré sur le logement, la qualification de la jeunesse", à "tendre la main aux plus fragiles" et "considérer que la richesse d'un pays ce sont ses ressources humaines".
"Ca ressemble déjà à un programme de Premier ministre", l'a alors interpellé la journaliste. "Non, (à celui) d'un acteur politique complètement engagé", a-t-il répliqué en évoquant notamment son action d'ancien maire de Valenciennes (1989-2002), ville du Nord ayant beaucoup souffert des restructurations industrielles et qu'il a fortement contribué à moderniser.
M. Borloo, ancien avocat parisien, a laissé entendre que ses vingt ans d'action politique, d'abord dans le Nord ou comme ministre à partir de 2002, lui donnaient une certaine légitimité pour franchir une nouvelle étape quoiqu'en disent ses détracteurs.
"J'ai l'impression de relire le même film", a-t-il dit en souriant à propos des voix critiques, "tout d'un coup je deviens brouillon, je suis mal coiffé, ou je suis trop bien coiffé, enfin j'ai pas la tête de l'emploi".
"Chacun est maintenant à sa vérité, moi je serai à ma vérité dans mon engagement politique où que je sois", a-t-il ajouté. "Il sera pour défendre la justice sociale et l'emploi".
Interrogé aussi sur sa gestion de la crise de l'approvisionnement en carburant ces dernières semaines et sur le fait d'avoir ou non "gagner des points" avec Nicolas Sarkozy, le ministre a répondu : "Je n'ai pas à gagner ou à perdre des points, on n'est pas dans un mercato".