PARIS, 6 octobre 2011 (AFP) - Le gaz de schiste, dont la France vient de décider d'abroger les trois permis d'exploration, est présenté par les uns comme une manne énergétique sur laquelle il faudra compter, et pour les autres, comme une catastrophe écologique annoncée.
Qu'appelle-t-on les gaz de schiste?
Les gaz et le pétrole ("huile") de schiste (ou de roche-mère) sont des hydrocarbures prisonniers dans des roches très profondes et faiblement poreuses (schiste, argile, calcaire...) dans lesquelles ils sont éparpillés en petite quantité. Pour les extraire, il faut fissurer ces roches avec la fracturation hydraulique.
Il existe d'autres hydrocarbures dit non conventionnels, comme les gaz de houille (le fameux "grisou" des anciennes mines de charbon) ou les "tight gas", contenus dans des réservoirs très profonds difficiles à exploiter.
Avec la raréfaction de l'or noir et du gaz, il devient plus rentable d'aller chercher ces hydrocarbures. Le forage horizontal, mis au point au milieu des années 2000, a ouvert la voie à l'exploitation de ces nouvelles ressources, en premier lieu aux Etats-Unis, où des millions de fracturations ont été réalisées.
La France, dont la production actuelle d'hydrocarbures est infime (1 à 2% de la consommation), est considérée avec la Pologne comme le pays européen ayant le meilleur potentiel en gaz de schiste. Impossible d'en être sûr sans exploration, avancent les industriels...
La fracturation hydraulique, qu'est-ce que c'est?
La France est devenue en juillet le premier pays à interdire la fracturation hydraulique.
Cette technique controversée consiste à "fracturer" la roche en grande profondeur (1.500 à 3.000 mètres) avec un mélange d'eau, de sédiments et de produits chimiques projeté à haute pression, afin de libérer les hydrocarbures.
Après un forage, ce mélange est projeté via un tube (parfois percé avec des explosifs) pour fissurer la roche. Le mélange mêlé de gaz remonte alors à la surface, et il faut ensuite traiter l'eau utilisée en grande quantité.
Le risque est de polluer la nappe phréatique ou que l'eau polluée reste dans les sous-sols.
Le documentaire phare des anti-schiste, "Gasland", montre ainsi comment aux Etats-Unis, un riverain d'un champ gazier met le feu à l'eau de son robinet, même si ces incidents sont plus probablement liés à des forages mal réalisés qu'à la fracturation.
Permis: que cherche-t-on?
Il y a actuellement 64 permis en cours pour trouver du gaz et du pétrole en France et outre-mer.
Selon l'administration, la grande majorité (49) concernent le gaz et le pétrole conventionnels, principalement dans les Bassins parisien et aquitain, pour lesquels la fracturation n'est pas nécessaire.
Trois, ceux de Total et de l'américain Schuepbach, concernaient exclusivement le gaz de schiste et vont être annulés pour cette raison.
Quatre, détenus par la compagnie Toreador à l'est de Paris, concernaient initialement le pétrole ("huile") de schiste. Mais dans son rapport rendu au gouvernement, Toreador y a renoncé et ne vise plus que des hydrocarbures conventionnels.
Enfin, huit permis ont été accordés pour trouver des gaz de houille. Les détenteurs ont tous renoncé à la fracturation et devront se contenter de forages classiques, selon Bercy.
Y'a-t-il d'autres techniques et qu'est-il prévu pour éviter des abus ?
La fracturation hydraulique est la seule technique utilisée à l'heure actuelle. D'autres techniques sont au stade expérimental. "Elles ne sont donc pas autorisées non plus", a précisé mercredi la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour veiller au respect par les compagnies, le gouvernement a promis des "contrôles renforcés", en vérifiant en préfecture que le type de forage est bien précisé. Des inspections sur place et des sanctions pénales sont prévues.
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