Il y a 3 grands agences de notation internationales ; trois "entreprises" privées qui ont leurs méthodes, leurs actionnaires et leurs intérêts propres.
Tout le monde a bien compris que l'une d'entre elles, Standard & Poor's, avait décidé hier de dégrader la note de la France. Mais les 2 autres, Fitch et Moody's, conservent à la France sa note maximale. Je constate donc que 2 agences sur 3 notent la France en AAA.
Et je constate que de toutes façons, les prêteurs et les marchés n'ont pas besoin de ces agences pour se faire une opinion de la capacité financière puisque tous ont déjà, depuis plusieurs mois, tenu compte de la réalité économique, fnancière et monétaire. Les pays notés à l'identique par ces agences ne bénéficient par exemple par des mêmes taux d'intérêt lorsqu'ils empruntent, il n'y a donc rien de "scientifique"...
Nous devons par contre tirer des leçons de cette évaluation et notamment sur le rôle que doit tenir la Banque Centrale Européenne. Les Etats-Unis ont-ils vécu l'enfer lorsqu'ils ont perdu leur AAA ? Non. Mais la Réserve Fédérale Américaine joue le rôle de véritable levier d'une politique monétaire que l'Europe ne peut pas avoir, faute d'opérateur équivalent que la BCE n'est absolument pas. Nous avons donc une monnaie commune, mais pas de politique monétaire harmonisée. Ce n'est qu'un exemple.
Bref, pour bien comprendre la position de Standard & Poor's, voici ci-dessous une traduction de leur communiqué, qui montre que les efforts entrepris par la France, s'ils ne sont pas suffisants, sont nécessaires, n'en déplaise à ceux qui tentent aujourd'hui de tirer un profit politique de tout ce brouhaha...
"Standard & Poor's abaisse sa note de crédit souveraine à long terme sur la République française à AA+. Nous affirmons simultanément notre note souveraine à court terme de la France à A-1+.
"Cet abaissement de la note reflète l'impact de l'intensification des problèmes politiques, financiers et monétaires dans la zone euro, au sein de laquelle la France est étroitement intégrée".
"La perspective sur la note à long terme est négative".
(...)
"Les conclusions du sommet de l'Union européenne du 9 décembre 2011 et les communiqués des décideurs politiques qui ont suivi nous ont conduit à penser que l'accord ne représentait pas une percée d'une importance et d'une ampleur suffisantes pour répondre entièrement aux problèmes financiers de la zone euro. Pour nous, l'accord atteint au niveau politique n'apporte pas assez de ressources ou de flexibilité opérationnelle supplémentaires pour renforcer les opérations européennes de sauvetage ou pour soutenir suffisemment les pays de la zone euro soumis à un accroissement des pressions des marchés.
Nous estimons également que l'accord repose sur une vision seulement partielle des origines de la crise (que la crise financière actuelle vient essentiellement du gaspillage budgétaire à la périphérie de la zone euro). Pour nous toutefois, les problèmes budgétaires que la zone euro doit affronter sont tout autant la conséquence de l'accentuation des déséquilibres et des divergences en matière de compétitivité entre le coeur de la zone euro et sa prétendue "périphérie". A cet égard, nous estimons qu'une réforme reposant sur le seul pilier de l'austérité budgétaire pourrait avoir un effet contraire à ses intentions, avec une chute de la demande intérieure résultant de la montée des préoccupations des consommateurs sur l'emploi et leurs revenus disponibles, avec pour conséquence une érosion des recettes fiscales nationales.
En conséquence (...), nous avons ajusté à la baisse la note accordée à la politique de la France (...). Ceci reflète le fait que l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de la politique et des institutions politiques européennes ne sont pas aussi solides qu'il le faudrait au regard de la sévérité d'une crise qui s'étend et s'approfondit dans la zone euro.
Les notes de la France continuent pour nous à refléter son économie riche, diversifiée et solide, ainsi que sa force de travail hautement qualifiée et productive. Mais pour nous, le niveau relativement élevé de la dette publique, ainsi que les rigidités de son marché du travail compensent en partie ces atouts. Nous avons noté que le gouvernement s'attaque toutefois à ces problèmes, via sa stratégie de renforcement budgétaire et des réformes structurelles.
La perspective de la note à long terme de la France est négative, ce qui indique qu'il y a une chance sur trois que nous puissions l'abaisser encore en 2012 ou 2013 si:
- ses finances publiques devaient dévier du chemin tracé en matière de consolidation budgétaire. Les mesures budgétaires annoncées à ce jour par le gouvernement français pourraient être insuffisantes pour respecter les objectifs de déficit en 2012 et 2013 au cas où la croissance tomberait sous les actuelles prévisions de 1% et 2%, respectivement. Si le déficit public de la France devait rester proche de ses niveaux actuels, conduisant à une augmentation graduelle de la dette publique nette au delà de 100% du PIB (contre juste au dessus de 80% actuellement) ou si la croissance économique devait rester faible pour une période prolongée, cela pourrait conduire à un abaissement (de la note) d'un cran.
- si une intensification des risques financiers et économiques dans la zone euro devait conduire à une augmentation significative de ses engagements ou à une aggravation de ses conditions de financement extérieur.
Inversement, ses notes pourraient se stabiliser à leur niveau actuel si les pouvoirs publics réussissent à réduire encore le déficit public de manière à stabiliser le ratio de la dette publique (vis à vis du PIB) dans les deux à trois prochaines années et à mettre en oeuvre des réformes favorisant la croissance économique."
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