Selon une enquête de l'Ifop publiée dans notre journal, les Français sont d eplus en plus nombreux à estimer que Jean-Louis Borloo ferait un bon Premier ministre. Ce qui n'est pas pour déplaire au ministre de l'Environnement.
"Je suis quelqu’un de fiable, confortable et sans emmerdes." Jean-Louis Borloo, un des favoris de la course à Matignon, ne lésine pas dès lors qu’il s’agit de faire sa promotion devant ses proches. A bientôt 60 ans, jamais l’ancien scout, ministre depuis déjà huit ans, n’a été aussi "papabile". Mais c’est aussi parce que le quinquennat s’enlise et que Nicolas Sarkozy dévisse dans les sondages de popularité, que l’heure de Borloo semble venue. Le moment de "celui que l’on envoie toujours quand l’armée régulière a failli", jubile ces temps-ci l’ancien maire de Valenciennes.
Dans la majorité, l’épisode sécuritaire a laissé des traces et même le député Lionnel Luca, pourtant cofondateur de la très conservatrice Droite populaire, lui est favorable, estimant "qu’il serait bon que l’action politique du chef de l’Etat se traduise par une sensibilisation sur d’autres sujets, comme l’emploi, par exemple". Ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse en devient lyrique: "C’est un peu comme dans un film, il y eut une phase très agitée en août, là, c’est le moment de la musique douce, de la scène plus sentimentale." Avec un Borloo en héros, dont les soutiens n’hésitent désormais plus à s’afficher.
Vendredi, Jean-Christophe Lagarde, numéro deux du Nouveau Centre, affirmait "que son expérience en ferait un bon Premier ministre". Mardi, Brice Hortefeux quittait ostensiblement l’Hémicycle en sa compagnie. Jean-Louis Borloo, invité cet été au cap Nègre avec Naomi Campbell et Leonardo DiCaprio, peut aussi se prévaloir de l’amitié de l’épouse du Président. "Elle m’aime bien, Carla, parce qu’elle réagit comme une femme, explique-t-il. Elle sait que je ne veux pas de mal à son bonhomme." Ce rôle de Premier ministrable attise évidemment les jalousies. A commencer par celle du titulaire du poste. Il a suffi d’observer l’acharnement mis par François Fillon à écarter le numéro deux du gouvernement du dîner de gala des journées parlementaires de Biarritz.
Le camp Borloo ne compte plus les "boules puantes" en provenance de Matignon. Mais le ministre se venge en privé: "A Matignon, il ne se passe rien. Si jamais j’étais nommé, il y aurait vraiment un Premier ministre." Une réaction d’orgueil d’autant plus forte que Borloo ne peut rater une fois encore le train pour Matignon. En 2005, alors ministre de la Cohésion sociale, il avait été pressenti pour succéder à Jean-Pierre Raffarin. Villepin fut nommé. En 2007, l’ancien avocat de Bernard Tapie aurait déjà pu être le Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Mais il s’était rallié trop tardivement et il fallait récompenser les bons services de Fillon.
"La synthèse entre l’environnement et le social"
Dans quel état d’esprit se trouve aujourd’hui le ministre de l’Ecologie? Celui qui a avoué faire de la gym est prêt. "Il a envie d’action, de peser à vingt mois de la présidentielle", explique son ami Laurent Hénart, qui voit plusieurs fois par semaine son ancien ministre de tutelle. Bien qu’il s’en défende, Borloo a déjà son programme, axé sur la réconciliation. "A Matignon, il pourrait faire la synthèse entre le Grenelle de l’environnement et le social", espère Franck Laval, ami de vingt ans, cofondateur de Génération Ecologie. Reste à rassurer sur son style atypique parfois débraillé, objet de critiques et de commentaires malgré le sacrifice de ses boucles grises et de quelques kilos superflus. "J’ai pris de bonnes résolutions cet été, a-t-il confié. En même temps, nous ne sommes qu’au mois d’octobre…" A-t-il vraiment intérêt à se départir de sa marque de fabrique qui signe, il le sait, une partie de son insolente popularité dans le coeur des Français?
Eric Raoult se souvient: "Un jour, nous avons participé ensemble à une émission de télé. En coulisses, je cherchais à lisser le peu de cheveux qui me restent sur la tête, lui s’est ébouriffé." Partisan d’un maintien de Fillon, Marc Le Fur, député des Côtes-d’Armor, défend quand même Borloo: "Aviez-vous déjà vu Séguin manger un sandwich? Cela ne l’a pas empêché d’être un homme d’Etat!" En ces temps de rigueur budgétaire, un autre feu couve: Borloo a une image de dépensier. Ce n’est pas un hasard s’il a accordé une interview aux Échos afin d’y plaider pour un Grenelle de la fiscalité. Cela ne semble pas effrayer Patrick Balkany, proche du président de la République, pour qui "il faut toujours donner le poste à ceux qui en ont le plus envie". Un ténor de la majorité prédit, lui, "un maximum d’emmerdes avec Borloo" avant d’ajouter, perfide: "En même temps, si Sarkozy donne toujours à manger à ceux qui ont faim, il leur sert rarement le plat qu’ils ont commandé."
Source : http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Borloo-J-ai-pris-des-bonnes-resolutions-cet-ete-225882/
Commentaires