Papier de Judith Waintraub, Le Figaro.
Ce sarkozyste historique souhaite «structurer la gauche de la droite».
Une ambition peut en remplacer une autre. Yves Jego s'est retiré la semaine dernière de la course à l'investiture pour la tête de liste UMP aux régionales en Ile-de-France, mais il s'est déjà lancé un nouveau défi : «Structurer la gauche de la droite.» Le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, sarkozyste de la première heure, revendique une proximité intellectuelle ancienne avec le gaullisme social version Séguin-Fillon. Il trouve aujourd'hui que cette sensibilité «souffre d'un déficit de visibilité» par rapport aux libéraux, auxquels il reproche «un discours parfois caricatural, alors que la politique de Nicolas Sarkozy, elle, est équilibrée».
Yves Jégo n'a ni l'ambition ni les moyens de contrebalancer l'influence des Réformateurs d'Hervé Novelli, qui sont plus d'une centaine au Parlement. La structure informelle qu'il a développée sur Internet à partir de son site, nouvelle-société.com, compte environ «12 000 adhérents, recrutés pour la plupart pendant la campagne présidentielle». À l'Assemblée et au Sénat, il affirme disposer d'un réseau «d'une soixantaine d'élus, dont trente assidus» à ses réunions.
Ce n'est pas suffisant pour donner une existence médiatique au «pôle social de la majorité». D'où les invitations qu'il a lancées à des personnalités détentrices du label pour les persuader de monter ensemble un «G7 social». Fin août, Yves Jégo a participé à l'université du Parti radical à Montélimar. En rentrant à Paris avec Jean-Louis Borloo, il s'est entretenu avec le président des Valoisiens des moyens de structurer «l'aile gauche» de la majorité. «La démarche nous intéresse», affirme-t-on dans l'entourage du ministre du Développement durable, sans plus de précision sur les projets communs des deux hommes.
Les dépouilles de l'ex-UDF
Chez les centristes, l'accueil est mitigé. François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée, a expliqué hier au Figaro : «J'ai répondu oui à l'invitation d'Yves Jego, mais il n'est pas question, pour moi, de laisser instrumentaliser le Nouveau Centre, ni de l'enfermer dans une relation exclusive avec tel ou tel sous-groupe de l'UMP.» La semaine dernière, il a tenu le même discours à Hervé Novelli, qui avait tenté un rapprochement sur des bases libérales avec Hervé Morin, président du NC. Alors que le partage des dépouilles de l'ex-UDF bat son plein, François Sauvadet considère qu'il faut avant tout défendre l'autonomie du Nouveau Centre. Yves Jégo, au contraire, estime que le rapprochement probable à moyen terme entre François Bayrou et les sociaux-démocrates du PS impose aux représentants du centre droit de s'unir.