Claire Bommelaer et Marielle Court
20/08/2008
Le Figaro
Il est parti début août vers l'Italie. Il y a trois ans, au même endroit, les paparazzi l'avaient immortalisé en short, conduisant un bateau, auprès de Béatrice Schönberg, son épouse. Il n'avait pas du tout apprécié cette incursion dans sa vie privée. Mais ces photos, il le sent bien, sont une sorte de prix à payer pour sa notoriété : voilà sept ans qu'il est ministre, sept ans qu'il caracole en tête des cotes de popularité à droite. Jean-Louis Borloo a-t-il eu à cœur, cet été, de réduire ses sorties en mer, pour réduire le bruit et la pollution ? Depuis qu'il a en charge l'Environnement, en tout cas, le ministre d'État se veut exemplaire. Ce job, affirme-t-il, «le passionne» et surtout lui va comme un gant.
Un an après son arrivée à ce vaste ministère qui regroupe de façon inédite l'Aménagement du territoire, le Développement durable et l'Énergie, Jean-Louis Borloo bénéficie d'un bon karma politique. Ses proches connaissent les hauts et les bas de cet homme. Mais après le blues post- «Grenelle», il s'est totalement investi dans la cause de l'environnement et de l'énergie. Le mot «énergie» prend d'ailleurs toute son importance : «on» le croit ministre de l'Écologie et «on» se trompe. À côté de la sauvegarde du grand hamster de l'Est, il est aussi chargé de développer le réseau autoroutier, de construire des nouvelles lignes de TGV ou encore, de lancer une nouvelle fiscalité verte. Par-dessus tout, il doit désormais préparer l'après-pétrole. Un rôle dont il n'avait sans doute pas totalement conscience au moment de sa nomination. «Je suis un ministre chargé de la construction de l'avenir» dit-il, «mais aussi un ministre en charge de gérer des contraires» : l'homme des routiers et celui du fret ferroviaire, celui du nucléaire et des discussions avec Greenpeace. Sans oublier l'Europe. «Il travaille», fait-on savoir dans son entourage. Il voyage aussi, beaucoup, loin, partout.
«J'agis, loin des commentaires»
Depuis le miniremaniement, en mars, il a reconstitué la «bande à Borloo» d'autrefois, celle qui lui avait permis d'imposer son plan de cohésion sociale en 2005, celle avec qui il a passé une partie de ses meilleures années au gouvernement. Son directeur de cabinet de l'époque, Jean-François Carenco, a repris du service à ses côtés et anime «une équipe de cabinet opérationnelle», qui «parle le Borloo dans le texte» et est capable de suivre le ministre sans barguigner. Il est entouré de quatre secrétaires d'État, qui s'entassent dans le même bâtiment que lui, boulevard Saint-Germain. La plus connue, la plus en vogue, la plus rebelle, est Nathalie Kosciusko-Morizet, fine connaisseuse des questions environnementales. Il a eu maille à partir avec elle. Ne lui a-t-elle pas reproché sa «lâcheté» dans le débat sur les OGM ? «Elle fait de la politique, notamment depuis qu'elle est secrétaire nationale adjointe de l'UMP. Moi, j'agis, loin des commentaires», estime-t-il désormais.
Assis dans son fauteuil, fumant des Marlboro Light comme à son habitude, Jean-Louis Borloo prend son temps pour expliquer son action. Pour convaincre ceux qui doivent l'être que son ministère incarne une «des grandes priorités de Nicolas Sarkozy.» «Le président a compris que c'est sur ce dossier et cette réalité que cela se jouerait en 2012», affirme-t-il.
Son statut de ministre d'État lui donne, assure-t-il, un sésame pour pousser la porte de l'Élysée quand bon lui semble. François Fillon se méfierait d'ailleurs de Jean-Louis Borloo, de son caractère et de ses accointances présidentielles. Et surtout, craindrait «les effets sur les finances publiques du coût du “Grenelle”».
Jean-Louis Borloo a passé le mois de juillet à se battre avec Bercy pour obtenir l'argent nécessaire à la mise en place des promesses faites. Sa priorité, c'est sa loi «Grenelle», sorte de vaste texte comme il les affectionne. Comme lorsqu'il concoctait son plan de cohésion sociale, il lui faut «bâtir des programmes», mettre en cohérence des politiques parfois contradictoires, marquer de sa patte ce ministère d'un nouveau style.
À la fin du mois, retour à la politique politicienne : les 29, 30 et 31 août, il se rendra à l'université d'été du Parti radical valoisien, à Montélimar. Car il a beau dire que NKM fait de la politique et pas lui, il est tout de même président de ce vieux parti, associé à l'UMP. «J'y suis disponible mais pas suractif. Il y a un temps pour tout», admet-il. Aujourd'hui celui des ours, du respect des milieux aquatiques, de la sécurité routière et des autoroutes. Demain, celui de nouvelles ambitions ?